Notes des comités parlementaires : Débat en deuxième lecture

Projet de loi C-26, Loi concernant la cybersécurité

Résumé

Le 14 juin 2022, le gouvernement a déposé à la Chambre des communes le projet de loi C-26, Loi concernant la cybersécurité. Le débat en deuxième lecture a commencé le 1er décembre 2022 et a repris le 6 et le 23 mars 2023. Le projet de loi a été renvoyé au Comité permanent de la sécurité publique et nationale (SECU) le 27 mars 2023.

Tout au long du débat, les partis d'opposition ont exprimé un appui de haut niveau à l'intention du projet de loi de renforcer la cybersécurité et de fournir des pouvoirs qui pourraient être utilisés pour restreindre l'utilisation de produits provenant de fournisseurs à risque élevé. Cependant, ils ont également formulé des critiques sur le manque de surveillance perçu par rapport aux nouveaux pouvoirs que le projet de loi accorde au gouvernement et aux dispositions de confidentialité concernant les ordonnances et les directives. Tous les partis ont indiqué souhaiter que le projet de loi soit renvoyé au SECU afin que les membres de ce comité puissent entendre des témoins experts sur la meilleure façon de traiter ces questions au moyen d'amendements.

Questions soulevées par les partis

De nombreux députés ont participé aux trois séances de débat en deuxième lecture. Le Parti conservateur du Canada (PCC), le Bloc Québécois, le Parti libéral du Canada, le Nouveau Parti démocratique et le Parti vert ont tous fait des interventions. La grande majorité des allocutions ont été prononcées par des députés conservateurs.

Des propositions d'amélioration se divisant en deux catégories principales ont été soulevées à maintes reprises par les parlementaires : 1) veiller à ce que les nouveaux pouvoirs du gouvernement soient assortis de mécanismes de contrôle appropriés afin d'éviter leur utilisation abusive et d'améliorer la responsabilité; et 2) protéger la vie privée des Canadiens. Ces critiques ont été formulées à la suite de commentaires des intervenants de l'industrie, de la société civile et du monde universitaire. Des préoccupations assez courantes, mais qui sont moins ressorties s'inscrivaient dans une troisième catégorie, soit les répercussions possibles pour les petites et moyennes entreprises (PME).

Le résumé ci-dessous est présenté par parti politique, et quelques points se chevauchent.

Parti conservateur du Canada

Le PCC a largement soutenu le projet et a longuement parlé de la nécessité d'une législation telle que le projet de loi C-26 et du fait qu'il était plus que temps d'avoir une loi « interdisant Huawei ». Les députés ont insisté à plusieurs reprises sur les menaces que représentent les États adversaires, notamment la Chine et la Russie. Les orateurs ont clairement indiqué à plusieurs reprises que le PCC voterait en faveur du projet de loi C-26 en deuxième lecture et le renverrait à une étude en comité.

Tout en soutenant l'intention du projet de loi, les députés conservateurs ont exprimé leurs préoccupations, et plusieurs orateurs ont clairement indiqué qu'ils attendaient des amendements pour répondre à certaines des préoccupations exprimées, notamment en ce qui concerne : 1) la perception d'un manque de surveillance et de limites aux pouvoirs; 2) une meilleure protection des renseignements personnels des Canadiens; et 3) les coûts de mise en conformité pour les PME.

Bloc Québécois

Le Bloc Québécois a demandé pourquoi le gouvernement reste réactif en matière de cybersécurité. Les députés bloquistes ont critiqué le gouvernement pour le temps qu'il lui a fallu pour agir à l'égard de Huawei et pour le fait qu'il a été le dernier des alliés du Groupe des cinq à annoncer une position sur la sécurité de la 5G. Ils ont demandé si le principe de précaution ne devrait pas être appliqué plus systématiquement, conformément aux recommandations formulées par le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires dans son rapport de juin 2021 intitulé Garantir un cadre de sécurité solide pour les marchés publics fédéraux (les recommandations du rapport visent à prendre davantage en compte la sécurité nationale dans le processus d'approvisionnement).

En ce qui concerne les administrations provinciales, elles s'inquiètent de l'incidence que ce projet de loi pourrait avoir sur les entreprises et les organisations québécoises comme Hydro-Québec, puisqu'il désigne les systèmes de lignes électriques interprovinciaux comme des services critiques et des systèmes critiques. Ils ont fait référence aux conservateurs et à leur « fameux grand corridor énergétique » et ont demandé si le gouvernement fédéral pourrait utiliser le projet de loi pour s'approprier des responsabilités provinciales et des infrastructures essentielles au nom de la sécurité nationale.

Les députés du Bloc ont exprimé leur inquiétude quant à l'incidence sur les petits acteurs. Ils ont déclaré que les cyberattaques contre les entreprises peuvent être soudaines et inattendues, et que toutes les entreprises n'ont pas les moyens d'investir dans la cybersécurité ou dans des mécanismes de protection.

Le Bloc s'est fait l'écho des commentaires du PCC sur la responsabilité. Ils ont posé une question sur la responsabilité : puisque les décisions seront prises par décret, cela signifie-t-il qu'en vertu de ce projet de loi, le gouvernement aura recours à des décrets pour gouverner dans ce domaine au lieu de passer par les parlementaires? Ils ont également demandé quels mécanismes existent dans le projet de loi C-26 qui aideraient à garantir la confiance du public, à la fois dans l'Internet et de manière plus générale. Les orateurs du Bloc ont vu un lien clair avec le projet de loi C-11 sur la culture numérique, et ont exprimé des inquiétudes quant à l'utilisation abusive possible de renseignements privés par Tik Tok et Facebook, qui ne sont pas couverts par le projet de loi C-26.

Nouveau Parti démocratique

Les principales préoccupations des députés néo-démocrates à l'égard du projet de loi concernaient ses pouvoirs étendus et l'absence de mécanisme de reddition de comptes, l'incidence possible sur les Canadiens ordinaires, ainsi que le manque de surveillance et de transparence. Ils ont également demandé comment seront protégés les droits d'accéder aux technologies des personnes handicapées, qui dépendent de ces technologies pour réduire leurs obstacles au quotidien.

Le NPD a demandé si le gouvernement serait disposé à travailler avec lui sur des amendements visant à ajouter des protections pour les Canadiens ordinaires. En particulier, ils veulent avoir l'assurance que les Canadiens ne feront pas l'objet d'un examen injuste ou que cette mesure ne s'appliquera pas aux Canadiens ordinaires. Avec les autres partis, ils veulent garantir aux Canadiens ordinaires que les nouveaux pouvoirs, qu'ils qualifient de vastes et d'étendus, ne seront pas appliqués pour surveiller les Canadiens ordinaires.

Sur la question de la transparence, le NPD a insisté sur la nécessité de rendre compte de la mesure dans laquelle les nouveaux pouvoirs sont utilisés et a déclaré que, de la façon dont ils sont rédigés, « il n'y aura pas de base factuelle pour évaluer si ces pouvoirs ont été utilisés de façon appropriée ou adéquate, ou s'ils doivent être modifiés à l'avenir ».

Parti vert

Le Parti vert a exprimé son inquiétude quant aux pouvoirs du Centre de la sécurité des télécommunications (CST). Il a fait référence à une lettre ouverte de groupes de défense des libertés civiles appelant à des améliorations du projet de loi, en particulier en ce qui concerne les préoccupations selon lesquelles « le secret nuit à la reddition de comptes et à l'application régulière de la loi ». Il a exprimé son intérêt pour des améliorations qui garantiraient une meilleure reddition de comptes au public et un meilleur équilibre entre la nécessité d'améliorer la cybersécurité et le maintien de la responsabilité et de la transparence.

Date de modification :