Notes des comités parlementaires : Aperçu - Le convoi de la liberté 2022

Enjeu :

Au début de 2022, plusieurs manifestations et blocages sont apparus dans l’ensemble du Canada, axés sur les sentiments antigouvernementaux liés à la réponse de la santé publique à la pandémie de COVID-19.

Réponse

Contexte

Le « convoi de la liberté 2022 » était l’expression d’un mouvement croissant axé sur les sentiments antigouvernementaux liés à la réponse de la santé publique à la pandémie de COVID-19. Des convois de camionneurs ont commencé leur voyage à partir de divers points du pays et sont arrivés à Ottawa le vendredi 28 janvier 2022. Au début de février 2022, on a observé une augmentation importante du nombre de manifestations et de blocages à divers endroits du pays, y compris à des points d’entrée stratégiques (p. ex. le pont Ambassador, en Ontario, Coutts, en Alberta, Emerson et North Portal, au Manitoba, et Pacific Highway, en Colombie-Britannique).

Les participants à ces activités ont employé un certain nombre de tactiques qui étaient menaçantes, qui ont suscité la crainte, perturbé la paix, qui ont eu des répercussions sur l’économie canadienne et qui ont alimenté un sentiment général d’agitation publique – en faveur ou contre le mouvement. Ces tactiques ont compris le harcèlement et les reproches adressés à des citoyens et à des membres des médias, y compris la menace de violence, des actes de vandalisme et la destruction de biens, le ralentissement intentionnel de la circulation en roulant lentement, le ralentissement de la circulation et la création d’embouteillages, en particulier près des points d’entrée. On a aussi signalé que de manifestants avaient amené des enfants sur les lieux des manifestations afin de limiter le niveau et les types d’intervention des forces de l’ordre. De nombreux commerces de détail et d’autres entreprises ont été contraints de fermer, soit pour des raisons de sécurité, soit en raison de l’interruption de la circulation des biens et des services dans les points d’entrée bloqués. Le mouvement a dépassé le stade de la manifestation pacifique et il existe des preuves solides selon lesquelles des activités illégales ont eu lieu. De simples citoyens, des municipalités et la province de l’Ontario ont amorcé des procédures judiciaires visant à obtenir des injonctions pour gérer les menaces et les répercussions causées par les activités du convoi. Une proposition de recours collectif a été déposée au nom des résidents d’Ottawa.

La situation a rapidement évolué et s’est aggravée à un point tel que les services de police locaux, dont le Service de police d’Ottawa, ont eu besoin d’une aide supplémentaire pour faire face à la situation unique des blocages illégaux. Les perturbations suivantes sont survenues à des points d’entrée stratégiques de l’Alberta, de la Colombie-Britannique, du Manitoba et de l’Ontario avant la déclaration d’état d’urgence :

1. Pont Ambassador à Windsor, en Ontario :
Le poste frontalier le plus achalandé de toute la frontière canado-américaine a fait l’objet d’un blocage à partir du 7 février 2022. Après le dépôt d’une injonction le 11 février 2022, les forces de l’ordre ont commencé à disperser les manifestants. Le 13 février 2022, les mesures d’intervention policières se sont poursuivies; on a procédé à des arrestations et remorqué des véhicules. La police et les équipes de travaux publics ont travaillé à la mise en place de barrières physiques et au nettoyage de la chaussée tout au long de l’après-midi et de la soirée, ce qui a permis au trafic international de reprendre la traversée du pont Ambassador à minuit. Les premiers véhicules à destination du Canada sont entrés vers 00 h 40 le 14 février 2022.
2. Sarnia, en Ontario :
Le 6 février 2022, deux grands groupes de manifestants ont bloqué la route provinciale menant au pont Blue Water de Sarnia. Ce point d’entrée est le deuxième passage frontalier le plus fréquenté du Canada; les importations et les exportations desservent les secteurs du pétrole et du gaz, des denrées périssables, du bétail et de l’automobile. La manifestation a entraîné la suspension de tous les mouvements sortants de véhicules commerciaux et de voyageurs à destination des États-Unis, ainsi qu’une réduction de la capacité d’entrée des véhicules de transport. La Police provinciale de l’Ontario a pu rétablir l’ordre dans la zone immédiate du point d’entrée après dix heures de perturbation de la frontière. Le 9 février 2022, les membres de l’un des groupes de manifestants ont établi un barrage routier à environ 30 kilomètres à l’est de Sarnia sur la route provinciale, ce qui a entraîné le détournement de la circulation internationale vers des itinéraires de déviation d’urgence pour accéder à la frontière. Cette activité s’est poursuivie jusqu’au 14 février 2022, date à laquelle l’accès à la portion de la route a été rétabli.
3. Fort Érié, en Ontario :
Le 12 février 2022, une importante manifestation a visé le point d’entrée du pont Peace à Fort Érié, en Ontario. Ce point d’entrée est le troisième poste frontalier terrestre le plus achalandé du Canada. Chaque jour, des millions de dollars en produits sont importés et exportés, tels que des denrées périssables, des pièces de fabrication et des envois par messagerie de biens personnels et commerciaux. La manifestation a perturbé le trafic entrant pendant une partie de la journée du 12 février 2022 et a entraîné le blocage du trafic sortant jusqu’au 14 février 2022, date à laquelle la Police provinciale de l’Ontario et la Police régionale de Niagara ont pu rétablir la sécurité du corridor commercial liant la route provinciale au poste frontalier.
4. Emerson, au Manitoba :
Le 13 février 2022, il restait des véhicules participant au blocage du côté nord du poste frontalier. Certains voyageurs locaux ont pu entrer au Canada, mais les expéditions commerciales n’ont pas pu emprunter la route au nord d’Emerson, ce qui a perturbé les expéditions d’animaux vivants, de denrées périssables et de produits manufacturés au Canada et les exportations vers les États-Unis. Les manifestants ont permis à certaines expéditions d’animaux vivants de franchir le barrage pour être exportées vers les États-Unis.
5. Coutts, en Alberta :
Le blocage a commencé le 29 janvier 2022, entraînant la perturbation du trafic frontalier entre le Canada et les États-Unis. Ce point d’entrée est un poste frontalier commercial essentiel pour la circulation des animaux vivants, du pétrole et du gaz, des denrées périssables et des produits manufacturés destinés à l’Alberta et à l’ouest de la Saskatchewan. Au 14 février 2022, la GRC, le service de police responsable en vertu d’une entente sur les services de police provinciaux, avait arrêté 11 personnes et saisi une cache d’armes et de munitions. Quatre de ces personnes ont été accusées de complot pour meurtre, en plus d’autres infractions. La GRC a rétabli l’accès à la route provinciale au nord de Coutts le 15 février 2022 et les services frontaliers ont été entièrement rétablis, mais des efforts ont été maintenus pour que le point d’entrée demeure ouvert.
6. Région métropolitaine de Vancouver, en Colombie-Britannique :
Le 12 février 2022, plusieurs véhicules, dont un de style militaire, ont franchi une barricade de la GRC dans le quartier South Surrey, en Colombie-Britannique, pour se rendre au poste frontalier Pacific Highway. Les manifestants ont entraîné la fermeture de la route à la frontière canado-américaine à Surrey.

Les services de police municipaux ont surveillé l’activité dans les endroits suivants :

Québec

Halifax (Nouvelle-Écosse)

Nouveau-Brunswick

Toronto (Ontario)

Winnipeg (Manitoba)

Regina (Saskatchewan)

Calgary (Alberta)

Colombie-Britannique

Les participants à ces activités ont employé un certain nombre de tactiques qui étaient menaçantes, qui ont suscité la crainte, perturbé la paix, qui ont eu des répercussions sur l’économie canadienne et qui ont alimenté un sentiment général d’agitation publique – en faveur ou contre le mouvement. Ces tactiques ont compris le harcèlement et les reproches adressés à des citoyens et à des membres des médias, y compris la menace de violence, des actes de vandalisme et la destruction de biens, le ralentissement intentionnel de la circulation en roulant lentement, le ralentissement de la circulation et la création d’embouteillages, en particulier près des points d’entrée. On a aussi signalé que de manifestants avaient amené des enfants sur les lieux des manifestations afin de limiter le niveau et les types d’intervention des forces de l’ordre. De nombreux commerces de détail et d’autres entreprises ont été contraints de fermer, soit pour des raisons de sécurité, soit en raison de l’interruption de la circulation des biens et des services dans les points d’entrée bloqués. Le mouvement a dépassé le stade de la manifestation pacifique et il existe des preuves solides selon lesquelles des activités illégales ont eu lieu. De simples citoyens, des municipalités et la province de l’Ontario ont amorcé des procédures judiciaires visant à obtenir des injonctions pour gérer les menaces et les répercussions causées par les activités du convoi. Une proposition de recours collectif a été déposée au nom des résidents d’Ottawa.

Le 14 février 2022, la gouverneure en conseil a ordonné la prise d’une proclamation en application du paragraphe 17(1) de la Loi sur les mesures d’urgence déclarant qu’il existe un état d’urgence dans l’ensemble du Canada qui nécessitait l’adoption de mesures temporaires spéciales pour faire face à la situation.

La proclamation prévoyait six mesures temporaires qui étaient nécessaires pour faire face à l’état d’urgence :

  1. des mesures pour réglementer ou interdire les assemblées publiques — autre que les activités licites de défense d’une cause, de protestation ou de manifestation d’un désaccord — dont il est raisonnable de penser qu’elles auraient eu pour effet de troubler la paix, les déplacements à destination, en provenance ou à l’intérieur d’une zone désignée, pour réglementer ou interdire l’utilisation de biens désignés, notamment les biens utilisés dans le cadre d’un blocage, et pour désigner et aménager des lieux protégés, notamment les infrastructures essentielles,
  2. des mesures pour habiliter toute personne compétente à fournir des services essentiels ou lui ordonner de fournir de tels services, notamment l’enlèvement, le remorquage et l’entreposage de véhicules, d’équipement, de structures ou de tout autre objet qui faisaient partie d’un blocage n’importe où au Canada, afin de pallier les effets des blocages sur la sécurité publique et économique du Canada, notamment des mesures pour cerner ces services essentiels et les personnes compétentes à les fournir, ainsi que le versement d’une indemnité raisonnable pour ces services,
  3. des mesures pour réglementer ou interdire l’usage de biens en vue de financer et d’appuyer les blocages, pour exiger de toute plateforme de sociofinancement et de tout fournisseur de traitement de paiement qu’il déclare certaines opérations au Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada et pour exiger de tout fournisseur de services financiers qu’il vérifie si des biens qui étaient en sa possession ou sous son contrôle appartenaient à une personne qui participait à un blocage,
  4. des mesures pour habiliter tout agent de la paix à appliquer les lois municipales et provinciales,
  5. l’imposition d’amendes ou de peines d’emprisonnement en cas de contravention aux décrets ou aux règlements d’application en vertu de l’article 19 de la Loi sur les mesures d’urgence.

Ces mesures ont été établies par le Règlement sur les mesures d’urgence et le Décret sur les mesures économiques d’urgence.

Les nouvelles mesures instaurées par la Loi sur les mesures d’urgence ont fourni de nouveaux outils dans le Règlement sur les mesures d’urgence et le Décret sur les mesures économiques d’urgence pour aider les forces de l’ordre à faire face efficacement à cette situation d’urgence sans précédent. Elles visaient à compléter les cadres législatifs actuels relatifs à l’interdiction des rassemblements publics illégaux qui interrompent la circulation des personnes ou des biens, affectent le commerce, perturbent les infrastructures essentielles ou encouragent la violence contre des personnes ou des biens. Il s’agissait notamment de mesures qui renforçaient la capacité d’imposer des amendes ou des peines d’emprisonnement, et de sécuriser et de protéger les infrastructures essentielles, y compris les postes frontaliers et les aéroports, en interdisant aux individus de participer ou de faciliter un rassemblement public dont on peut raisonnablement s’attendre à ce qu’il porte atteinte à l’ordre public au moyen :

Les nouvelles mesures ont également fourni des ressources supplémentaires aux services policiers locaux en permettant à la GRC d’appliquer les règlements provinciaux et municipaux sur demande.

Le premier ministre a annoncé le 23 février 2022, que la déclaration de l’état d’urgence en vertu de la Loi sur les mesures d’urgence était révoquée. Cela signifiait que le Règlement sur les mesures d’urgence et le Décret sur les mesures économiques d’urgence étaient également révoqués et n’étaient plus en vigueur à la date de la révocation.

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