L'épreuve des faits – Sommaires de projets – LINK – LINKing Refugee Youth and Families to Positive Social Supports
Table des matières
Introduction
Le projet LINKing Refugee Youth and Families to Positive Social Supports (LINK) est un programme novateur visant à prévenir la participation des jeunes réfugiés à des activités criminelles et de gangs.
Le Centre national de prévention du crime (CNPC) définit les programmes novateurs comme des programmes de prévention qui mettent à l'essai de nouvelles approches, théories et interventions auprès des populations à risque. Ces programmes prennent appui sur un cadre théorique solide qui fait le lien entre l'intervention proposée et les facteurs de risque, la population cible et les résultats visés. Les programmes novateurs font appel à un devis de recherche limité pour vérifier les changements, et ils nécessitent une confirmation causale à l'aide des techniques expérimentales appropriées. Ces programmes sont reconnus et encouragés à condition d'être soigneusement évaluésFootnote 1.
La Stratégie nationale pour la prévention du crime de Sécurité publique Canada a octroyé un financement pour la mise en œuvre du projet pilote LINK à Winnipeg, au Manitoba, entre septembre 2009 et mars 2013. Le projet LINK a été exécuté par l'organisme Newcomers Employment and Education Development Services Inc. (N.E.E.D.S.), et est venu en aide à 229 jeunes.
Participants
Les participants au projet LINK ont été dirigés vers l'organisme N.E.E.D.S. par la résidence de logements temporaires Welcome Place du Conseil multiconfessionnel d'aide à l'établissement des immigrants au Manitoba, le plus grand organisme d'aide à l'établissement de Winnipeg. Les références étaient effectuées dans les deux semaines suivant l'arrivée au Canada.
Les jeunes dirigés vers le programme ont fait l'objet d'une évaluation du risque; ceux qui ont participé au projet étaient âgés de 12 à 18 ans et considérés comme étant susceptibles de s'adonner à des activités de gangs en raison des facteurs suivants :
- expériences antérieures du traumatisme et de la violence;
- fréquentation de pairs délinquants causant la « socialisation dans la rue » – apprendre à vivre au Canada auprès de pairs délinquants;
- manque de surveillance parentale;
- frustration liée aux études et faible attachement à l'école.
Parmi les jeunes admis au projet LINK, les plus vulnérables ont bénéficié de composantes additionnelles intensives, suivant la description ci-dessous.
Tous les participants avaient le statut de réfugié parrainé par le gouvernement (RPG), 47 % avaient déjà été exposés au traumatisme et à la violence et, selon les jeunes eux-mêmes, aucun n'avait commis d'acte criminel par le passé. Le projet LINK ciblait les deux sexes, 119 filles et 110 garçons composant le total des participants au projet pilote. Trente-cinq participants se trouvaient dans la catégorie du risque le plus élevé. Bien que des jeunes de partout dans le monde puissent accéder au statut de RPG, la majorité des participants au projet venaient du Congo, du Bhoutan, de la Somalie, de l'Iraq, de l'Éthiopie et de l'Afghanistan.
Éléments clés du programme
Le projet LINK compte six composantes qui ont été offertes sur un an. Tous les participants ont reçu les quatre premières composantes, mais seuls les plus vulnérables et leurs familles ont bénéficié des deux dernières.
- Éducation sur la société canadienne – chaque client a participé pendant 60 heures à des ateliers visant non seulement à le renseigner sur le Canada, mais aussi à réduire son isolement et à favoriser sa réussite à l'école, à la maison et avec les pairs.
- Mentorat – les participants ont bénéficié de 72 heures de mentorat individuel ou en groupe visant à leur présenter les ressources communautaires, à leur offrir un soutien et un encadrement sociaux et affectifs, et à leur fournir des modèles adultes positifs.
- Soutien pédagogique pour augmenter les chances de réussite scolaire – les activités comprenaient la communication des employés du projet LINK avec les enseignants et le personnel administratif de l'école, ainsi que les visites à l'école pour offrir soutien, conseils et information culturelle.
- Activités récréatives – conçues pour réduire l'isolement et la solitude, de même que pour accroître le développement de relations positives avec les pairs.
- Mentorat familial – vise à donner l'occasion de renforcer les liens parent-enfant et de réduire le risque de conflits culturels intergénérationnels. Le projet LINK jumelait les familles des participants à risque élevé avec des familles canadiennes, les deux familles se rencontrant régulièrement dans le cadre d'ateliers et d'activités.
- Références – de nombreuses familles de réfugiés participant au projet LINK ont vécu un traumatisme grave avant d'arriver au Canada. Parmi les aspects importants du projet, mentionnons les références vers les services de counseling et de santé mentale, les associations culturelles, le logement, l'emploi et les soutiens pédagogiques.
Dotation
Le projet LINK a été mis en œuvre par trois employés à temps plein (un coordonnateur, un animateur pour le cursus et un animateur pour le mentorat), et deux employés de soutien à temps partiel (20 heures/semaine).
Les employés devaient posséder :
- une connaissance de la criminalité, du système de justice et des enjeux liés à l'intégration des réfugiés dans la société canadienne;
- une expérience personnelle du travail avec les réfugiés;
- une connaissance de la culture et des langues des clients, afin que ces derniers se sentent à l'aise de s'exprimer.
Cinquante pour cent (50 %) des employés du projet LINK avaient des origines non canadiennes (africaines) et, en moyenne, parlaient couramment trois langues.
Le personnel a reçu une formation mensuelle sur des questions comme les limites juridiques du travail auprès des enfants et des jeunes, ainsi que les stratégies pour faciliter l'intégration des nouveaux jeunes arrivants.
Les responsables du projet ont obtenu l'aide de cent huit (108) bénévoles, et ils ont embauché des interprètes lorsque ceux-ci étaient nécessaires à la prestation des activités.
Les responsables du projet ont soumis tous les mentors à un processus de filtrage comportant une vérification du casier judiciaire et une vérification du registre des cas d'enfants maltraités, afin de s'assurer qu'ils cadraient bien avec le projet, en plus de préparer un manuel de formation sur le mentorat (33 séances de formation ont eu lieu, pour une moyenne de cinq mentors par séance).
Partenariats
Le projet LINK comptait sur l'appui de nombreux partenaires, notamment :
- le Conseil multiconfessionnel d'aide à l'établissement des immigrants au Manitoba (Welcome Place) : dirigeait les jeunes vers le projet LINK, assurait initialement des services d'interprétation auprès des familles, et fournissait de l'information concernant les arrivées et les dates de déménagement des familles de RPG;
- Momenta : offrait des services de mentorat à quatre divisions scolaires de Winnipeg, assurait la liaison avec l'organisme N.E.E.D.S. afin de mieux répondre aux besoins des jeunes réfugiés au sein du système d'éducation canadien, et délivrait de l'information sur l'assiduité à des fins d'évaluation;
- les services de police de Winnipeg : présentaient des exposés aux jeunes sur la prévention des activités de gangs, la sécurité et le rôle de la police à Winnipeg;
- le programme de thérapie pour les familles d'immigrants et de réfugiés du Aurora Family Therapy Centre, le Elizabeth Hill Counselling Centre et le programme de mieux-être culturel de la Mount Carmel Clinic : assuraient des services de counseling en santé mentale pour les familles de réfugiés au besoin;
- les YMCA et les YWCA de Winnipeg : offraient gratuitement des abonnements de six mois aux jeunes réfugiés nouvellement arrivés et à leurs familles, et procuraient des locaux sécuritaires pour les activités récréatives;
- l'Immigrant and Refugee Community Organization of Manitoba, le centre Graffiti Gallery et le Club garçons et filles de Winnipeg : apportaient un soutien additionnel aux jeunes participants dans la collectivité;
- le Service d'incendie et de soins médicaux d'urgence de Winnipeg : donnait des visites guidées aux jeunes participants afin de les renseigner sur le système d'incendie et de soins médicaux d'urgence au Canada;
- l'organisme African Communities of Manitoba Inc. : acceptait des références du projet LINK concernant de l'information au sujet des associations culturelles au Manitoba.
Résultats
- Le projet pilote LINK a fait l'objet d'un processus d'évaluation. En général, le projet a été mis en œuvre comme prévu.
- Le projet a servi 95 % du nombre total de clients qu'il espérait servir, et a réussi à joindre les familles et les jeunes réfugiés à risque élevé qu'il souhaitait joindre.
- Le projet a obtenu un taux de maintien de 98 %, la majorité des jeunes et des familles prenant part aux activités du projet durant l'année complète de leur participation.
- Le personnel du projet a réalisé 436 visites des écoles au total, soit 12 visites par mois en moyenne.
- Le personnel du projet a organisé 26 rassemblements familiaux récréatifs, alors qu'il en planifiait 12 au départ.
Observations relatives à la mise en œuvre
- Il faut établir des procédures et des systèmes appropriés pour recruter, filtrer, former et soutenir les mentors avant le début des activités avec les participants.
- Il est difficile de maintenir le mentorat individuel, que ce soit auprès d'individus ou de familles. Il est plus faisable de fournir un service de mentorat sur place, à l'endroit où se rassemblent les participants. Cette façon de procéder est plus facile à surveiller, exige moins de travail administratif, permet de gagner en efficacité du point de vue du ratio mentors/mentorés, et convient mieux à certains antécédents culturels.
- Il faut du temps et de l'argent pour recruter des mentors. Il s'impose donc la nécessité d'explorer des stratégies efficaces d'utilisation des médias électroniques et sociaux.
- La capacité d'offrir un service souple et adapté à la culture revêt une grande importance. En effet, de nombreuses familles de réfugiés se sentent dépassées et désemparées au début, et s'il n'y a personne capable de comprendre différentes opinions et cultures, et de communiquer dans plusieurs langues différentes, des difficultés peuvent rapidement surgir au sein des familles. C'est pourquoi le personnel du projet LINK maintenait des contacts fréquents et significatifs avec les familles participantes.
- Il peut être difficile de s'y retrouver parmi les différentes structures et personnes-ressources au sein du secteur de l'éducation dans son ensemble. Pour atténuer ces difficultés, les employés du projet LINK sont devenus membres du réseau Safe Schools Manitoba, où des représentants de partout dans le secteur de l'éducation se rencontraient pour discuter et agir. De plus, les employés du projet ont créé des feuilles mensuelles de personnes-ressources à utiliser lors des visites dans les écoles, pour effectuer le suivi du personnel scolaire faisant partie de la vie des jeunes participants. Enfin, ils se sont affairés à cerner les besoins spéciaux des jeunes et se sont assurés de les inscrire à des programmes répondant à leurs besoins d'apprentissage.
- Pour que les jeunes continuent de participer activement aux activités du projet, celles-ci doivent combler leurs besoins réels tout en respectant leur degré de connaissance de la vie au Canada. Dans ce contexte, il s'est avéré utile de regrouper les participants en fonction de leur niveau de maturité et de leur âge.
- Les activités récréatives ont joué un rôle crucial quand il s'agit d'aider les jeunes à se sentir engagés, à apprendre comment réagir, à échanger, à partager et à développer un sentiment d'appartenance.
- Les participants évalués comme étant « à risque élevé » avaient besoin d'un plus grand soutien que ce qu'on pensait au départ, et vivaient souvent des conflits avec leurs parents ou tuteurs. Cette situation occasionnait des défis pour le personnel du projet LINK, qui devait venir en aide aux jeunes éprouvant des difficultés tout en s'occupant des autres participants. Les services offerts aux jeunes à besoins élevés étaient limités et, parfois, les clients du projet hésitaient à se prévaloir des services appropriés vers lesquels ils étaient dirigés même si ceux-ci étaient disponibles, car ils ne connaissaient pas les organismes en assurant la prestation.
Coûts
La mise en œuvre du projet LINK a coûté au total 2 234 949 $ (53 % du financement provenait du CNPC).
Les principales contributions en nature provenaient de l'organisme N.E.E.D.S., de la Province du Manitoba, de Winnipeg Harvest et de Momenta.
Le projet a également bénéficié de l'appui financier du Child Nutrition Council of Manitoba.
Pérennisation
Citoyenneté et Immigration Canada a pleinement adopté le projet LINK et octroiera des fonds pour les deux prochaines années, au minimum.
Coordonnées de l'organisme responsable du projet
N.E.E.D.S. Inc.
251-A, avenue Notre Dame
Winnipeg (Manitoba) R3B 1N8
Canada
Téléphone : 204-940-1260
Télécopieur : 204-940-1272
needsinc@mts.net
http://www.needsinc.ca/about-us/index.html
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