Colloque d’experts sur les préjugés inconscients, la diversité et l’inclusion dans le domaine de la sécurité nationale
Résumé de l’événement
Résumé de l’événement
Le 4 mars 2020, Sécurité publique Canada a organisé son premier Colloque d’experts sur les préjugés inconscients, la diversité et l’inclusion dans le domaine de la sécurité nationale à Ottawa. Le colloque cherchait à évaluer l’emploi, par le gouvernement du Canada, de l’analyse comparative des sexes plus (ACS+) dans le domaine de la sécurité nationale, afin d’améliorer notre compréhension des menaces ainsi que notre disposition à les contrer. En plus de deux conférenciers principaux, le colloque comprenait des experts aux divers horizons et provenant de multiples secteurs qui ont discuté des principaux thèmes suivants :
- Les femmes dans le terrorisme et la lutte contre le terrorisme ;
- Exploiter le « plus » de l’ACS+ dans la sécurité nationale ;
- Les technologies émergentes et leur utilisation dans la sécurité nationale ;
- Le profilage, la surveillance, le renseignement et les préjugés inconscients.
L'événement a favorisé des conversations fructueuses parmi plus de 120 participants, tout en jetant les bases du leadership de la Sécurité publique. Il a aussi établi la base des discussions entre le gouvernement et ses partenaires dans ce domaine important et émergent, qui a des répercussions sur les opérations et l'élaboration des politiques en matière de sécurité nationale et de sécurité publique. Les tables rondes étaient animées et dynamiques ; les participants ont posé beaucoup de questions aux experts et ont eu l’occasion de dialoguer avec eux. Sécurité publique Canada s'est engagée à maintenir un réseau d'experts pour faire avancer cette discussion et à examiner les futures possibilités de poursuivre ces échanges.
Points clés du colloque :
- Les experts sont très intéressés à s'engager sur ces sujets. Ils avaient le sentiment que ces conversations spécifiques sur l’application de l’ACS+ au contexte de la sécurité nationale sont cruciales et attendues depuis longtemps.
- Les facteurs d’identités liés au genre et à l’intersectionnalité sont centraux à une meilleure compréhension du terrorisme. Le langage utilisé est puissant et ne peut être sous-estimé.
- Il y a des limites à la transposition de la politique de l'ACS+ à la pratique. La portée de l’ACS+ est aussi limitée: elle ne va peut-être pas assez loin. De plus, elle ne peut pas servir de panacée pour lutter contre les préjugés.
- Bien que la technologie soit plus puissante que l’humain, elle n’est pas plus intelligente que lui. Il faut tenir compte des préjugés dès les premiers stades de l’analyse afin qu’ils soient compris et atténués.
- Bien que les préjugés inconscients soient préoccupants, il existe toujours des préjugés explicites, conscients et systématiques. Ces préjugés ont pour effet de paralyser les communautés et de saper la confiance avec celles-ci.
- La divergence d’idées, plus que la diversité d’idées, est nécessaire. Nous avons besoin de décideurs qui pensent différemment les uns des autres. Ces décideurs n’ont pas nécessairement besoin de provenir de milieux différents puisque de nombreuses personnes d'une même communauté pensent différemment les unes des autres.
Rapport complet
Discours d’ouverture de la matinée
Dominic Rochon, sous-ministre adjoint principal du Secteur de la sécurité nationale et de la cybersécurité à Sécurité publique Canada, a ouvert le colloque avec un aperçu de l’engagement du gouvernement du Canada à adopter une approche qui tient compte des préjugés dans le domaine de la sécurité nationale, ce qui est en soi une bonne politique. Il a abordé la nécessité de la communauté de la sécurité nationale à identifier et corriger les préjugés ainsi que d’appliquer une véritable ACS+ à leur travail quotidien, le tout dans le but de protéger les Canadiens et de renforcer la confiance avec ces derniers.
Les tables rondes de Sécurité publique Canada
Parmi les participants, on comptait des experts du milieu universitaire, des membres de la société civile et des dirigeants gouvernementaux du Canada, en plus d’un invité de l’organisation Moonshot CVE du Royaume-Uni et un représentant du Haut-Commissariat de la Nouvelle Zélande. Ils se sont réunis en groupes d’experts thématiques afin de discuter d’enjeux allant du rôle des organismes de surveillance à l’inclusion et la diversité dans le domaine de la sécurité nationale.
1ère table ronde: Les femmes dans le terrorisme et la lutte contre le terrorisme
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Cinq panélistes discutent du sujet suivant : Les femmes dans le terrorisme et la lutte contre le terrorisme devant une foule réunie dans une grande salle de conférence.
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La panéliste Laura Huey se tient au podium devant la foule alors que quatre autres panélistes écoutent la discussion du panel : Les femmes dans le terrorisme et la lutte contre le terrorisme.
Les expertes :
- Laura Huey, Université de Western Ontario
- Jessica Davis, Insight Threat Intelligence / Université de Carleton
- Madison Reid, ShiftBC, ministère de la Sécurité publique de la Colombie-Britannique et solliciteure générale
- Cheshmak Farhoumand-Sims, Affaires mondiales Canada
Modératrice : Rachel Schmidt, Université de Carleton
Points saillants de la discussion :
Les experts ont souligné que le phénomène des femmes dans le terrorisme n’est pas nouveau et qu’il se reproduit constamment dans diverses itérations. Les femmes occupent de nombreux rôles importants dans les activités terroristes. Afin de comprendre le terrorisme, il est essentiel de reconnaître l’importance du rôle des femmes dans ces activités. Il faut aussi éviter le préjugé que les femmes ne s’impliquent pas dans de telles activités ou que leur implication soit limitée à des rôles mineurs. Les expertes ont reconnu que les reportages des médias influencent la façon dont les communautés et les gouvernements perçoivent ces femmes et les incidences de leur participation.
Le groupe d’expertes a mis l’accent sur le fait que les femmes blanches sont principalement celles qui font de la recherche dans ce domaine. Un deuxième enjeu évoqué est celui de la recherche sur les femmes dans le terrorisme, qui est rarement cité dans la documentation « courante » sur le terrorisme. Le milieu universitaire n’est pas diversifié et peine à mobiliser et recruter des personnes diverses, amplifiant ainsi le manque de diversité dans la recherche en matière de pensée, de méthodologie et de compréhension. Bien que les programmes aient connu une croissance de l’utilisation de l’intersectionnalité, les préjugés inconscients continuent d’avoir des impacts et affectent les résultats. L'intersectionnalité, terme créé par Kimberlé Crenshaw, offre un cadre qui permet de comprendre comment les facteurs d’identité (p. ex. la race, la classe sociale, le genre, la religion, etc.) se cumulent pour créer la discrimination et les désavantages. Puisque des obstacles particuliers et individualisées sont en place, les approches uniformes sont inefficaces. La mise en application des programmes a révélé qu’un changement au niveau de la structure familiale (p. ex. un nouveau partenaire, la perte de son partenaire, la naissance d’un enfant) est un facteur d’identité important chez les hommes et les femmes qui est rarement pris en considération dans les programmes de lutte contre la radicalisation menant à la violence. Il y a aussi des défis et des préjugés liés aux références et à la collecte de données (p. ex. les références au sujet des femmes sont moins souvent prises au sérieux par les organismes d’application de la loi), limitant ainsi notre compréhension de l’enjeu.
Les membres du groupe ont encouragé les participants à aller au-delà de leurs suppositions en adressant deux fausses hypothèses clés à l’égard du terrorisme, la première étant que le genre n’a pas d’impact sur le terrorisme. Comme les hommes et les femmes expriment diverses formes d’identités de genre, les organismes terroristes ont réussi à exploiter les normes liées à la sexualité et au genre et à y trouver des faiblesses. La deuxième idée est le stéréotype de longue date où les hommes sont les auteurs de crimes et les femmes en sont les victimes. Cette supposition a été débattue parmi les experts et a révélé que les femmes sont souvent des membres actifs d’organismes terroristes, avec certaines d’entre-elles œuvrant en première ligne et en dehors des rôles stéréotypiques. Les normes liées au genre, comme le rôle central des femmes en tant que mères et des hommes en tant que protecteurs, jouent aussi des rôles importants dans le recrutement de terroristes. Ainsi, le genre est central et non périphérique à la compréhension du terrorisme. Il est important de mettre l’accent sur l’importance d’utiliser des stratégies qui tiennent compte du genre et assurent que les voix des femmes soient entendues de manière sérieuse qui ne menacera ni leur sécurité, ni leur subsistance.
2e table ronde : Exploiter le « plus » de l’ACS+ dans le domaine de la sécurité nationale
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Le panéliste Anver Emon se tient au podium devant la foule pendant la discussion du panel : Exploiter le « plus » de l’ACS+ dans le domaine de la sécurité nationale.
Le panéliste Navaid Aziz se tient au podium devant la foule pendant la discussion du panel : Exploiter le « plus » de l’ACS+ dans le domaine de la sécurité nationale.
Les expertes et experts :
- Margaret Denike, Université de Dalhousie
- Anver Emon, Université de Toronto
- Navaid Aziz, Société d’information islamique de Calgary
- Julie McKercher, Tables multidisciplinaires de prévention des risques (TMPR), Service de police d’Ottawa
Modératrice : Kimberley Unterganschnigg, Femmes et Égalité des genres Canada
Points saillants de la discussion :
Les experts étaient d’accord que la société vit actuellement une révolution du genre où les individus s’identifient au-delà de la dyade homme/femme. Le lien intime entre l'intersectionnalité et le pouvoir a été évoqué, ainsi que la manière dont les expériences vécues des individus sont informées par cette relation dynamique entre l’identité et le pouvoir. Il s’agit d’une meilleure compréhension non seulement de l’impact genre et du sexe, mais aussi d’autres facteurs d’identité ; l’intersectionnalité ne concerne pas seulement qui nous sommes, mais plutôt comment nous nous situons dans la société.
Les membres du groupe se sont demandé si l’ACS+ est réellement intersectionnelle ou si le « + » est complémentaire et pas nécessairement intersectionnel. Par exemple, le processus d’analyse du genre et chaque « + » encourage séparément un codage basé selon les démographies locales. Ainsi, le « genre » au Canada est souvent mal interprété en fonction des enjeux liés aux femme blanches. Bien que l’objectif de l’ACS+ en tant qu’outil d’analyse est d’être intersectionnel, sa mise en œuvre est confrontée à un préjugé systémique ainsi qu’à une incompréhension générale. Cela peut avoir un impact important sur la politique, lorsque ce dernier ne prend pas en compte et ne corrige pas l’impact négatif cumulatif sur les communautés. Par exemple, les communautés représentées en grande partie dans les listes de terroristes ainsi que dans les zones à risques sont ainsi affectées de manière disproportionnée dans l’identification des combattants terroristes étrangers.
Les experts ont ensuite abordé l’importance du vocabulaire utilisé, qui peut être valorisant et dévalorisant. La sensibilisation au niveau des locuteurs qui sont valorisants (c’est-à-dire qui peut parler mais qui est écouté quand il parle) nous permettent d’identifier les qualifications valorisantes (p. ex., y a-t-il un modèle de caractéristiques continuellement respectées par rapport à d’autres?).
Le rôle que joue la religion dans nos vies peut varier, mais elle doit être prise en compte puisqu’elle est un facteur très important auprès de diverses communautés. La création d’un espace sécuritaire exempte de jugement où les individus peuvent pratiquer leur religion et posséder une identité religieuse sans stigmatisation est un élément essentiel dans la contribution à un cadre efficace pour la lutte contre la radicalisation menant à la violence (LCMRV).
Finalement, les experts ont discuté que la majeure partie de la théorie de l’ACS+ n’a pas été mise en pratique. Afin de combler cette lacune, elles font la promotion de l’idée de cocréation de solutions de LCMRV afin de permettre à l’intersectionnalité à s’induire biologiquement dans la programmation et de créer une réponse qui fonctionne pour tous. Il est important de noter que « personne n’est pas complexe ! », que la programmation de LCMRV doit être souple et qu’il faut garder « le bénéficiaire final » à l’esprit.
3e table ronde : Les technologies émergentes et leur utilisation dans la sécurité nationale
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La panéliste Christine Beauchamp se tient au podium devant la foule pendant la discussion du panel : Les technologies émergentes et leur utilisation dans la sécurité nationale.
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Cinq panélistes discutent du sujet suivant : Les technologies émergentes et leur utilisation dans la sécurité nationale devant une foule réunie dans une grande salle de conférence.
Les expertes et experts :
- Christine Beauchamp, Centre canadien pour la cybersécurité
- Benjamin Goold, Université de la Colombie-Britannique
- Simona Verga, Recherche et développement pour la défense Canada
- Jamil Ammar, Institue de la technologie de l’Ontario
- Danielle Soskin, Moonshot CVE, Londres, Royaume-Uni,
Modératrice : Erin Hetherington, Sécurité publique Canada
Points saillants de la discussion :
Un thème commun évoqué lors de cette discussion était la double nature de la technologie. Bien que la révolution technologique ait amené des possibilités sans précédent à la société, elle a aussi apporté des effets imprévus. Les efforts du gouvernement fédéral en matière de sécurité nationale ne font pas exception. La discussion a débuté sur la façon dont l’évolution de la technologie a eu des répercussions sexospécifiques sur les opérations de sécurité nationale depuis la dernière décennie au Canada. Les emplois nécessitant l’utilisation et une compréhension de la technologie sont disproportionnellement occupés par des hommes. Conséquemment, les analyses du renseignement sont devenues plus sexospécifiques et plus biaisées, intentionnellement ou non. Bien qu’il soit important d’encourager les jeunes filles et les femmes à entrer dans les domaines liés à la science, à la technologie, à l’ingénierie et aux mathématiques (STIM), il s’agit d’un objectif à long terme. En attendant, les experts ont mis l’accent sur l’importance de former les employés actuels à comprendre et à analyser la technologie afin d’ajouter une richesse à l’analyse.
Le groupe d’experts a partagé leur scepticisme quant à la capacité des organismes d’appliquer la loi d’intégrer la technologie dans leurs systèmes actuels, en soutenant que cela peut rendre les processus décisionnels trop opaques. Ils ont souligné que le gouvernement doit réfléchir sur la façon dont la technologie est adaptée dans son procédé décisionnel, puisqu’il est difficile de retirer les préjugés une fois intégrés dans le système. Le gouvernement doit décider, sur le plan institutionnel, dans quelle mesure il privilégie les droits des citoyens par rapport aux considérations de sécurité, et comment créer cet équilibre. Plusieurs des systèmes en place dans la sécurité nationale sont basés sur des décisions qui ont déjà été prises, et la plupart du temps, ces discussions se produisent après que la technologie ait été acquise. Si les données sont biaisées, les décisions effectuées par intelligence artificielle (IA) seront elles aussi biaisées.
Les experts ont soulevé le point que la complexité des algorithmes est essentielle aux systèmes d’acquisitions des connaissances. La complexité est ce qui permet aux machines d’être cognitives et d’identifier les risques et menaces en constante évolution. Cependant, à mesure qu’un algorithme devient plus sophistiqué, il devient plus vulnérable aux préjugés et à la discrimination. Cette lacune pourrait être et est exploitée par des groupes extrémistes pour recruter des individus sensibles à leur cause. Les groupes extrémistes violents apprennent rapidement et s’adaptent aux technologies d’apprentissage automatique, et ceux qui luttent contre la violence doivent faire de même.
Enfin, le comité s’est tourné vers une discussion sur les « incels », ou les célibataires involontaires, une sous-culture en ligne d’hommes qui s’identifient comme incapables de trouver des relations amoureuses ou sexuelles et qui préconisent souvent la violence contre les femmes. Les experts ont décrit les diverses communautés d’incels, y compris les façons nuancées selon lesquelles divers mythes et stéréotypes influencent la façon dont les incels sont compris. Les normes de genre et les stéréotypes racialisés influencent profondément la façon dont les incels se voient, la façon dont les hommes voient la masculinité et le sexe, ainsi que la façon dont les gens comprennent la communauté incel. Les considérations intersectionnelles importent également ici : alors que la communauté incel est principalement composée d'hommes blancs hétérosexuels, il existe des sous-groupes d’incels qui ne correspondent pas à cette démographie. Bien que ces communautés prospèrent dans les plates-formes en ligne, la technologie n’est pas nécessairement une solution à ce problème. Les analystes doivent comprendre ce qu’est la communauté et aider les individus à se désengager de ces communautés.
4e table ronde: Le profilage, la surveillance, le renseignement et les préjugés inconscients
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La panéliste Nadia Hasan se tient au podium devant la foule pendant que trois autres panélistes écoutent la discussion du panel : Le profilage, la surveillance, le renseignement et les préjugés inconscients.
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La panéliste Nadia Hasan se tient au podium devant la foule pendant que trois autres panélistes écoutent la discussion du panel : Le profilage, la surveillance, le renseignement et les préjugés inconscients.
Les expertes et experts :
- Scott Thompson, Université de la Saskatchewan,
- Shaheen Azmi, Commission ontarienne des droits de la personne
- Nadia Hasan, Conseil national des musulmans canadiens
- Cherie Henderson, Service canadien du renseignement de sécurité
Modératrice : Sarah Jamal, Bureau du Conseil privé
Points saillants de la discussion :
Les membres de la table ronde ont souligné que toutes les informations sont intrinsèquement biaisées. Étant donné que les biais proviennent de plusieurs sources, une multitude de solutions sont requises. Bien que les préjugés ne soient pas toujours mauvais, de nombreux préjugés ont des conséquences inattendues et préjudiciables, notamment la création de dommages, la méfiance et l’augmentation de la radicalisation et de la criminalité. En veillant à ce que diverses perspectives soient incluses, de meilleures solutions pour lutter contre les biais seront développées.
Les experts ont également discuté des défis et des possibilités pour le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS). Depuis sa création il y a 35 ans, le SCRS a démontré sa volonté d’assurer une représentation égale des hommes et des femmes au sein du service. Cependant, le SCRS est aux prises avec des préjugés internes et externes. À l’extérieur, le SCRS doit composer avec la façon dont l’organisme est perçu par le public. À l’interne, le SCRS continue de lutter pour s’assurer que toutes les voix soient entendues et respectées. Les experts ont également discuté de la façon dont la culture du SCRS est déjà en train de changer. Selon eux, bien que le SCRS accepte de plus en plus l’ACS+, l’organisation doit mieux mettre en œuvre ces stratégies dans les pratiques opérationnelles. L’organisation doit également parler publiquement de ses erreurs, en particulier en ce qui concerne les communautés vulnérables et racialisées qui se sentent ciblées par les organismes d’application de la loi et du renseignement.
Les experts ont indiqué que l’objectif ne devrait pas être dépourvu de préjugés, et qu'en fait, il y a des dangers à prétendre d’être dépourvu de préjugés. L’objectif devrait plutôt être de confronter et de traiter les préjugés divers ainsi que de prendre connaissance de ces derniers. Les préjugés ne sont pas toujours mauvais, mais un grand nombre d’eux ont mené au racisme et à l’islamophobie au Canada. Les dangers des préjugés dans la fonction publique sont évidents dans de récents articles de presse ainsi que dans des affaires judiciaires qui ont révélé, entre autres, des milieux de travail problématiques au SCRS et à Transports Canada. Le rapport 2018 de Sécurité publique, qui faisait référence négativement aux groupes religieux et minimisait la suprématie blanche, a également été mentionné, ce qui a été suivi d’une discussion sur la façon dont les conversations ultérieures et les révisions correspondantes reflétaient un désir de changement. Le groupe d’experts a encouragé le gouvernement à lutter systématiquement contre les préjugés afin d’encourager le changement et de remédier aux relations rompues avec des communautés spécifiques qui entravent la confiance et limitent la capacité de certaines personnes à participer. Pour conclure, les experts ont suggéré deux recommandations d’amélioration. Premièrement, un tiers devrait être nommé pour effectuer l’examen rigoureux des politiques, des programmes et des opérations de sécurité nationale. Deuxièmement, une loi sur les dénonciateurs pour le SCRS devrait être élaboré afin de s’assurer que les employés sont en mesure de dénoncer les structures de gestion interne problématiques.
Par la suite, le groupe d’experts a exploré comment les préjugés mènent à la discrimination et aux actes illégaux. Un engagement ferme pour lutter contre les préjugés conscients, inconscients et systémiques, est nécessaire. Les préjugés inconscients des individus peuvent imprégner les politiques et procédures ainsi que les opérations standards, créant des normes et des pratiques discriminatoires dans les institutions. Les experts ont également signalé les préjugés conscients et systémiques comme des problèmes qui doivent être résolus. Finalement, le groupe d’experts a discuté de la façon dont le langage et la terminologie utilisés pour discuter de la violence extrémiste et des connotations et de la réactivité émotionnelle autour du mot « terrorisme » peuvent avoir des répercussions négatives sur le discours et la discussion. Il est essentiel de s’attaquer aux préjugés systémiques en raison de la normalisation du manque de diversité dans les services, tout comme la nécessité d’avoir des conversations franches et ouvertes sur les préjugés et les privilèges.
Discours d’ouverture de l’après-midi
Ghayda Hassan, du Réseau des praticiens canadiens pour la prévention de la radicalisation à Montréal, a ouvert le discours de l’après-midi pour discuter des recommandations et des outils sur la façon de réduire les préjugés. Elle a suggéré diverses mesures concrètes qui pourraient être prises pour réduire les préjugés et accroître les compétences culturelles. Elle a mis l’accent sur la nécessité de la divergence de pensée, et pas seulement la diversité de pensée en général, car toutes les personnes de même origine ne pensent pas de la même façon. Elle a demandé aux participants d'être plus conscients des risques d’une prise de décision unique et de l’importance pour les décideurs de créer un environnement sûr et inclusif pour encourager des voix diverses et divergentes à participer à cette prise de décision.
Conclusion et prochaines étapes
L’événement a suscité beaucoup de discussions et d’intérêt parmi tous les participants. Les experts et les participants ont indiqué que ces conversations étaient à la fois nécessaires et attendues depuis longtemps. Sécurité publique Canada s’est engagée à maintenir un réseau d’experts pour faire avancer cette discussion et à étudier les possibilités futures de poursuivre ces échanges. Ces opportunités pourraient inclure de futurs colloques annuels ou semestriels sur les préjugés, les compétences culturelles, l’ACS+ ou d’autres domaines liés à la sécurité nationale. Les événements pourraient également inclure des webinaires ou des réunions virtuelles du réseau d’experts pour approfondir les sujets, pour entendre des idées plus divergentes et diverses, et pour continuer à favoriser les relations et le dialogue entre la société civile, les universitaires, le gouvernement et les partenaires internationaux.
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