Familles à risque : les répercussions du milieu familial sur la délinquance juvénile
Question de recherche
Numéro 3 - Juillet 2011
Question :
Quels sont les facteurs familiaux qui favorisent la délinquance juvénile ou qui contribuent à la prévenir?
Contexte :
Les familles jouent un rôle essentiel dans le développement des enfants et des jeunes. Des études sur la délinquance juvénile ont montré que le milieu familial pouvait constituer un facteur de risque ou un facteur de protection.
Un facteur de risque est une caractéristique qui, si elle est présente, favorise l'adoption d'un comportement nuisible (p. ex. la délinquance). Les recherches ont montré que plus le nombre de facteurs de risque auxquels sont exposés les jeunes augmente, plus la probabilité que les jeunes se tournent vers la délinquance augmente aussi. De plus, la présence d'un facteur de risque peut favoriser l'existence d'un autre facteur de risque, ce qui en retour augmente la probabilité que les jeunes adoptent un comportement problématique. Les familles qui présentent de multiples facteurs de risque sont considérées comme étant des « familles vulnérables » ou des « familles à risque ». En revanche, un facteur de protection est une caractéristique qui compense les effets négatifs des facteurs de risque et réduit la probabilité de délinquance.
Il est important de pouvoir cerner et comprendre les effets de ces facteurs familiaux de risque et de protection afin d'empêcher les enfants et les jeunes d'adopter des comportements illégaux, nuisibles ou inappropriés.
Méthode :
Un examen de la littérature a été effectué afin de cerner les principaux facteurs familiaux de risque et de protection qui ont été examinés dans le cadre de recherches antérieures au Canada et à l'étranger.
Résultats :
D'après une analyse des rapports de recherche, les facteurs familiaux de risque et de protection varient en fonction de l'âge des jeunes. Ils peuvent généralement être classés dans une des trois catégories générales suivantes :
1. Facteurs liés à la dynamique familiale et au fonctionnement de la famille
Facteurs de risque de cette catégorie :
- Comportements inefficaces des parents (p. ex. supervision déficiente, trop grande permissivité, discipline non uniforme ou trop stricte, faible lien d'affection et incapacité d'établir des limites claires);
- Criminalité des parents ou des frères et sœurs;
- Conflits familiaux;
- Maltraitance pendant l'enfance (p. ex. être victime ou témoin de violence physique, sexuelle ou psychologique, ou de négligence);
- Toxicomanie des parents.
Facteurs de protection de cette catégorie :
- Lien étroit et positif avec les parents (p. ex. relation d'affection, environnement de soutien et parents respectueux des amis de leur enfant);
- Pratiques et comportements adéquats de la part des parents (p. ex. méthodes disciplinaires uniformes, supervision parentale suffisante).
2. Facteurs liés aux caractéristiques familiales
Facteurs de risque de cette catégorie :
- Famille monoparentale (un seul parent);
- Santé mentale des parents;
- Nombre d'enfants dans la famille;
- Passé des parents;
- Jeune âge de la mère;
- Instabilité de la famille (p. ex. revenu familial imprévisible, multiples transitions familiales, famille éclatée).
Facteurs de protection de cette catégorie :
- Niveau d'éducation des parents;
- Stabilité financière;
- Stabilité de la cellule familiale.
Facteurs liés au quartier ou au lieu de résidence
Facteurs de risque de cette catégorie :
- Présence d'éléments criminels (p. ex. crime, délinquants juvéniles ou gangs de jeunes);
- Quartier défavorisé (pauvreté);
- Accès à des biens illicites ou illégaux (p. ex. drogues, armes à feu).
Facteurs de protection de cette catégorie :
- Intégration des familles à la collectivité (p. ex. participation active à la collectivité, activités scolaires ou parascolaires);
- Sources positives de soutien communautaire (p. ex. établissement de relations avec des voisins, accès à des ressources et à des services).
Répercussions :
Le fait de comprendre les facteurs familiaux de risque et de protection qui influencent les comportements délinquants peut aider à concevoir des programmes de prévention du crime plus efficaces à l'intention des familles vulnérables. Actuellement, trois catégories d'interventions en milieu familial sont prometteuses pour ce qui est des stratégies de prévention du crime : la formation des parents, la thérapie familiale et l'approche intégrée comprenant des programmes auxquels participent plusieurs partenaires clés (p. ex. intervenants dans les domaines des services de santé et des services sociaux, de l'éducation, de la justice, de la toxicomanie, de la santé mentale). Des recherches ont démontré qu'en ciblant les facteurs de risque en milieu familial ou en renforçant les facteurs de protection, ces programmes peuvent réduire le nombre de cas de délinquance juvénile.
Source :
SAVIGNAC, Julie. Familles, jeunes et délinquance : portrait des connaissances et programmes de prévention de la délinquance juvénile en milieu familial (Rapport de recherche 2009-01), Ottawa, Centre national de prévention du crime, Sécurité publique Canada, 2009.
Pour plus de renseignements :
Lucie Léonard
Centre national de prévention du crime
Sécurité publique Canada
269, avenue Laurier Ouest
Ottawa (Ontario) K1A 0P8
Téléphone : 613-957-6362
Télécopieur : 613-941-9013
Courriel : Lucie.Leonard@ps-sp.gc.ca
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