Fonds pour bâtir des communautés sécuritaires
Modalités

1. Autorité

L'autorisation législative du ministre d'effectuer des paiements de transfert pour soutenir les objectifs en matière de sécurité publique est prévue à l'alinéa 6(1)c) de la Loi sur le ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile, L.C. 2005, ch. 10.

Le 25 janvier 2021, un mémoire au Cabinet sur la lutte contre la criminalité liée aux armes à feu et la mise en place de l'interdiction des armes à feu de style arme d'assaut a été ratifié. Il conférait le pouvoir de créer un volet de programme distinct permettant d'investir 250 millions de dollars sur cinq ans dans le but d'appuyer les mesures prises par les collectivités autochtones et les municipalités pour lutter contre la violence liée aux armes à feu et aux gangs.

2. Objectif

Le Fonds pour bâtir des communautés sécuritaires (FBCS) a pour objectif d'appuyer les administrations municipales et les gouvernements autochtones dans leurs efforts pour lutter contre la prévalence des armes à feu et des gangs. Il fournit un financement déterminé visant à mettre en place des projets communautaires de lutte contre la violence liée aux armes à feu et aux gangs et à combler les lacunes en ce qui a trait aux connaissances sur les effets des interventions en matière de violence liées aux armes à feu et aux gangs.

Le ministère de Sécurité publique et protection civile Canada (ci-après, nommé Sécurité publique Canada ou le Ministère) est responsable de la gestion des accords de contribution relatifs aux administrations municipales et aux collectivités autochtones, qui à leur tour redistribuent la totalité ou une partie des fonds pour appuyer les initiatives de prévention et d'intervention relatives aux gangs qui répondent à leurs besoins.

Le Ministère poursuivra sa collaboration avec les administrations municipales et les collectivités autochtones afin de comprendre les questions prioritaires relatives à la violence liée aux armes à feu et aux gangs et continuera de favoriser une stratégie nationale coordonnée de collecte de données.

Le FBCS servira à :

  1. Aider les municipalités et les collectivités autochtones à mettre en œuvre des stratégies et des initiatives communautaires de prévention et d'intervention liées aux armes à feu et aux gangs.
  2. Faire mieux connaître aux bénéficiaires la nature et la portée des activités liées aux armes à feu et aux gangs ainsi que les difficultés qu'ils peuvent rencontrer dans la lutte contre ces activités.
  3. Aider les bénéficiaires à élaborer un plan pour poursuivre leurs activités de prévention et d'intervention au-delà des cinq ans du programme.

Le FBCS contribue au rôle de chef de file du gouvernement fédéral au chapitre de la promotion de la sécurité des collectivités en fournissant un financement aux municipalités et aux collectivités autochtones, ce qui appuie les efforts des collectivités en matière de réduction et de prévention de la violence liée aux armes à feu et aux gangs.

3. Types d'initiatives admissibles

Dans le cadre du FBCS, le Ministère verse un financement aux administrations municipales et aux collectivités autochtones dans le but d'appuyer leurs efforts de lutte contre la violence liée aux armes à feu et aux gangs des façons suivantes :

Le financement versé directement aux bénéficiaires admissibles peut être distribué à des bénéficiaires admissibles finaux, comme il est décrit à la section 6. Le financement du FBCS appuiera des activités nouvellement mises sur pied ou supplémentaires et ne doit pas déplacer ou remplacer le financement d'autres initiatives en cours.

Les bénéficiaires admissibles ne doivent pas utiliser le financement reçu dans le cadre du FBCS pour soutenir des activités courantes et principales, ce qui inclut le salaire des agents de police.

4. Résultats attendus et indicateurs

Les activités et les extrants du FBCS devraient favoriser les résultats suivants :

Résultats attendus à court terme (1 à 2 ans) :

Résultats attendus à moyen terme (3 ans) :

Résultats attendus à long terme (4 ans et plus) :

Pourcentage des bénéficiaires qui indiquent que les activités de prévention et d'intervention se poursuivront après la fin du financement du FBCS.

5. Bénéficiaires admissibles

Les bénéficiaires admissibles sont les administrations municipales ou les gouvernements autochtones (Premières Nations, Inuits ou Métis), dont les conseils de bande qui correspondent à la définition donnée au paragraphe 2(1) de la Loi sur les Indiens, L.R.C. (1985), ch. I-5, ou un gouvernement institué en vertu d'un accord sur l'autonomie gouvernementale, qui a été approuvé et qui a force de loi en vertu d'une loi du Parlement ou d'une législature.

Seules les administrations municipales et les collectivités autochtones correspondant à la description explicite établie et ayant les attributs obligatoires peuvent être les bénéficiaires admissibles directs recevant un financement dans le cadre du FBCS (* il faudra probablement prévoir une exception pour le Québec en raison d'exigences législatives [M30]).

Toutefois, les bénéficiaires directs admissibles peuvent distribuer les fonds à des bénéficiaires admissibles finaux qui mettront en place des initiatives de prévention ou des interventions visant à lutter contre les activités liées aux armes à feu et aux gangs. Les bénéficiaires finaux possibles pourraient être, par exemple, des organisations à but non lucratif ou des universités canadiennes.

Un bénéficiaire peut en outre distribuer des fonds à une ou plusieurs organisations admissibles.

Dans les cas où un bénéficiaire distribue des fonds à une ou plusieurs organisations admissibles :

6. Activités admissibles

Les activités admissibles à un financement sont celles qui contribuent à l'atteinte des objectifs du FBCS et ont une portée nationale. Elles incluent les activités suivantes :

Les fonds ne doivent pas servir à financer d'autres coûts déjà couverts par des ententes sur les services de police existantes.

7. Demandes de financement

Le FBCS cible des collectivités désignées. Un classement a été établi selon deux éléments essentiels : un ensemble d'indices de substitution et de données démographiques qui, utilisés ensemble, permettront au programme de répondre aux besoins des collectivités.

En l'absence d'indices précis sur la violence liée aux armes à feu et aux gangs au Canada, trois indices principaux de substitution seront pris en considération et combinés dans le but de déterminer les municipalités et les collectivités autochtones canadiennes qui présentent le risque le plus élevé de violence liée aux armes à feu et aux gangs : 1) le nombre d'homicides par arme à feu tiré de l'Enquête sur les homicides de Statistique Canada (en vertu de l'article 85 du Code criminel); 2) le nombre d'incidents liés aux armes à feu tiré du Programme de déclaration uniforme de la criminalité (DUC) (c'est-à-dire, selon la classification des infractions de Statistique Canada [150], « Total des infractions liées aux armes à feu [utiliser, décharger, braquer] », données tirées des Statistiques des crimes fondés sur l'affaire, pour les infractions prévues au Code criminel énumérées ci-dessous) et 3) les données sur le crime organisé et les crimes des gangs de rue tirées du DUC (c'est-à-dire, les crimes pour lesquels la police a confirmé ou soupçonne fortement que le délinquant ou la victime était un membre ou un membre potentiel d'un groupe du crime organisé ou d'un gang de rue).

Les bénéficiaires admissibles désignés doivent présenter, aux fins d'examen par le Ministère, un plan de prévention et d'intervention visant à lutter contre les activités liées aux armes à feu et aux gangs, dans lequel ils expliquent la façon dont ils prévoient de dépenser les fonds affectés pendant la durée de l'accord. Ces plans devraient décrire les initiatives de prévention et d'intervention que les bénéficiaires prévoient de financer afin d'augmenter la capacité des collectivités de réduire les activités liées aux armes à feu et aux gangs dans leur administration respective. Ils devraient inclure des descriptions des initiatives qui seront financées, les plans et les activités de durabilité, les liens avec les objectifs du FBCS et les résultats escomptés.

Il doit s'agir d'initiatives nouvelles, qui seront mises en œuvre avec l'objectif d'en mesurer les résultats, compte tenu de leur durée limitée.

Les demandes des bénéficiaires seront évaluées en fonction des éléments suivants :

7.1 Autres mode de financement par contribution pour les paiements de transfert destinés aux bénéficiaires inuits, métis et issus des Premières Nations

7.1.1 Financement par contribution souple

Le gouvernement du Canada examinera la possibilité d'adopter un mode de financement par contribution souple lorsque le bénéficiaire démontre sa capacité de gérer les paiements de transfert. Un mode de financement par contribution souple peut être utilisé pour les bénéficiaires inuits, métis et issus des Premières Nations ayant démontré leur capacité de gérer efficacement les paiements de transfert.

Ce mode de financement permet au bénéficiaire de réaffecter les fonds entre les catégories de dépenses établies dans l'accord de financement. Dans le cas d'un accord de financement pluriannuel, ce mode de financement permet au bénéficiaire de reporter les fonds inutilisés à la fin de chaque exercice afin de les utiliser au cours de l'exercice suivant, dans le but de faire avancer la réalisation des objectifs de financement. Une demande ou une lettre d'avis doit être présentée par écrit par le bénéficiaire avant la fin de l'exercice, afin de reporter les fonds inutilisés à l'exercice suivant. Avant que le gouvernement du Canada n'approuve la demande, le gestionnaire du financement doit examiner les éléments suivants liés au bénéficiaire :

Tous les fonds inutilisés à la résiliation ou à l'expiration de l'accord de financement constituent une dette envers le Canada et devront être remboursés au Canada, sauf si l'accord est renouvelé.

7.1.2 Financement par contribution fixe

Le gouvernement du Canada examinera la possibilité d'adopter un mode de financement par contribution fixe pour les bénéficiaires admissibles lorsque cela est prescrit par un traité moderne.

Dans le cas d'un accord de financement pluriannuel, ce mode de financement permet au bénéficiaire de reporter les fonds inutilisés à la fin de chaque exercice afin de les utiliser au cours de l'exercice suivant, dans le but de faire avancer la réalisation des objectifs de financement. Il permet également au bénéficiaire de conserver les fonds inutilisés à l'expiration de l'accord de contribution à condition de respecter les obligations et les objectifs énoncés dans l'accord de contribution et de consentir à employer ce solde à des fins conformes aux objectifs décrits dans les présentes modalités.

8. Formule de financement

Financement de base + complément de gravité + rajustement en fonction de la population = affectation théorique totale par bénéficiaire

9. Dépenses admissibles

Les catégories de dépenses suivantes sont considérées comme admissibles, dans la mesure où elles sont directement liées à des dépenses engagées dans le cadre du projet :

10. Dépenses inadmissibles

11. Exigences applicables liées aux contributions

11.1 Montant maximal et période

Le montant maximal de la contribution versée ne doit pas excéder 20 000 000 $ par bénéficiaire. L'affectation théorique par bénéficiaire a été déterminée au moyen d'une méthodologie qui prend en compte le coefficient de gravité de la municipalité ou de la collectivité autochtone en fonction de trois indices de substitution (nombre d'homicides par arme à feu, moyenne des incidents liés aux armes à feu et moyenne des données sur le crime organisé) et sa population pour déterminer l'affectation des fonds par année.

11.2 Cumul

Pour toute contribution, le niveau maximal de l'aide gouvernementale totale (aide fédérale, provinciale ou municipale accordée pour les mêmes fins et pour les mêmes dépenses admissibles) ne doit pas dépasser 100 % des dépenses admissibles.

Dans le cadre du processus de demande du programme, il sera exigé que tous les bénéficiaires admissibles divulguent toutes les sources de financement confirmées et potentielles.

On s'assurera que les paiements de transfert respectent ces limites de cumul et que la contribution fédérale soit établie en fonction de l'aide gouvernementale totale (aide fédérale, provinciale ou municipale accordée pour les mêmes fins et pour les mêmes dépenses admissibles). Cette aide comprend toutes les subventions, contributions et autres formes d'assistance, comme les contributions non financières ou en nature.

Le remboursement de tout montant dépassant la limite de l'aide gouvernementale totale sera calculé au prorata (en fonction de l'aide fédérale, provinciale ou municipale accordée pour les mêmes fins et pour les mêmes dépenses admissibles).

11.3 Modalités et calendrier des paiements

Les paiements seront versés conformément à la Politique sur les paiements de transfert du Conseil du Trésor et en fonction des dépenses admissibles. La fréquence des paiements sera fondée sur les besoins de trésorerie et le profil de risque de l'accord. Le niveau de risque évalué permettra aussi de déterminer s'il est nécessaire d'inclure une disposition de retenue dans l'accord.

Des paiements au prorata des travaux seront versés afin de rembourser les dépenses admissibles du bénéficiaire. Ces paiements seront versés après la réception et l'approbation, par le Ministère, des rapports financiers et non financiers du projet décrivant les activités et les dépenses effectuées à ce moment.

Lorsque des paiements anticipés sont nécessaires à la bonne mise en œuvre du projet, ils seront versés en fonction des besoins de trésorerie du bénéficiaire.

Le bénéficiaire doit toujours satisfaire aux modalités de l'accord de contribution pour que les paiements puissent être versés.

Dans la mesure où le bénéficiaire a satisfait aux modalités de l'accord de contribution, le paiement final ne sera versé qu'à la réception et à l'acceptation des produits livrables finaux énoncés dans l'accord.

11.4 Exigences en matière de surveillance et de rapports

Chaque accord comprendra un calendrier des exigences en matière de rapports financiers et non financiers reposant sur le niveau de risque.

Les bénéficiaires sont tenus de présenter au Ministère des rapports décrivant les progrès réalisés concernant les activités admissibles entreprises à l'appui du projet approuvé.

De plus, les bénéficiaires devront présenter des rapports financiers décrivant les coûts engagés pour le projet approuvé, y compris une comptabilisation finale des dépenses admissibles.

11.5 Stratégie de mesure du rendement

Sécurité publique Canada facilitera une stratégie nationale coordonnée de mesure du rendement dans le cadre du FBCS pour assurer une mise en œuvre efficace et une approche cohérente en matière de rapports dans l'ensemble des administrations.

À titre de bénéficiaires directs, les collectivités autochtones et les administrations municipales seront tenues de produire un rapport annuel sur les indicateurs de rendement décrits aux sections 4 et 5.

Le modèle du rapport annuel sur le rendement (RAR) sera fourni par Sécurité publique Canada et il recueillera des renseignements sur chaque projet financé, dont :

12. Langues officielles

Sécurité publique Canada collaborera avec les particuliers, les collectivités et les organisations dans la langue officielle de leur choix. Les objectifs généraux du FBCS doivent être mis en œuvre dans le contexte plus large de la dualité linguistique du Canada en appuyant des projets au service des communautés de langue officielle en situation minoritaire tout en tenant compte des principes de diversité et d'égalité des sexes.

Les accords de financement comprendront des dispositions afin de veiller à ce que les bénéficiaires répondent aux besoins des communautés de langue officielle en situation minoritaire mentionnées dans leur proposition.

Sécurité publique Canada s'est engagé à respecter les obligations du gouvernement du Canada décrites à la partie VII de la Loi sur les langues officielles.

13. Propriété intellectuelle

Si le projet de recherche génère de la propriété intellectuelle, le bénéficiaire conservera le droit d'auteur lié aux travaux effectués dans le cadre de l'accord de financement. Toutefois, dans les situations où le Ministère souhaite utiliser la propriété intellectuelle générée par un bénéficiaire, celui-ci conserve les droits d'auteur pour tout travail effectué dans le cadre de l'accord, mais doit remettre à Sécurité publique Canada une licence libre de droits, permanente et non exclusive.

14. Analyse comparative entre les sexes +

L'analyse comparative entre les sexes plus (ACS+) est un outil analytique qui sert à évaluer les éventuelles conséquences des politiques, des programmes, des services et d'autres initiatives sur divers groupes de femmes et d'hommes, en tenant compte du genre et d'autres facteurs identitaires. Le « plus » renvoie aux autres facteurs qui ont des recoupements avec le genre, par exemple l'âge, le niveau d'éducation, la langue, l'emplacement géographique et le revenu.

Sécurité publique Canada préconise l'intégration d'une analyse comparative rigoureuse entre les sexes fondée sur la diversité dans le processus d'élaboration de tous les programmes, de tous les services et de toutes les politiques, les stratégies de communication, et les mesures législatives relatives aux consultations publiques ainsi que les autres activités ministérielles, au vu de son importance particulière dans les domaines de la sécurité, de la technologie, de la réduction du crime et de la gestion des urgences.

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