Résumé
«Les policiers sont parmi les travailleurs les plus à risque d’être exposés à la violence au travail (LeBlanc et Kelloway, 2002), événements qui engendrent de multiples conséquences pour les victimes qui les subissent. À ce propos, la violence au travail a récemment été identifiée tel un prédicteur de l’absentéisme, tant au niveau de l’occurrence des absences (Rugulies, Christensen, Borritz, Villadsen, Bültmann, et Kristensen, 2007) que de leur durée (Campolieti, Goldenberg, et Hyatt, 2008). Toutefois, les études sur le sujet sont rares, de sorte qu’on en sait très peu sur les facteurs qui permettent de prédire les absences suite à un événement de violence au travail. Afin d’améliorer les connaissances sur le sujet, la présente étude s’intéresse aux facteurs associés à l’absentéisme (l’occurrence et la durée des absences) des policiers suite à un événement de violence au travail. Les données utilisées pour cette étude proviennent d’une recherche menée par l’Association des Policiers Provinciaux du Québec (APPQ). Au total, 141 policiers de la Sûreté du Québec, blessés lors d’une altercation de 2011 à 2012, ont participé à une entrevue téléphonique dirigée à l’aide d’un questionnaire. Au terme des régressions logistiques effectuées, différents facteurs individuels et situationnels apparaissent liés à l’absentéisme des policiers blessés suite à une altercation. L’occurrence d’une absence est associée à l’âge du policier, au contexte d’intervention et à la gravité des blessures. Quant à la durée des absences, celles de courte durée sont associées à l’âge du policier et à la gravité des blessures, tandis que les absences de longue durée sont liées à la provenance de la demande d’intervention, à une faible perception du risque et à la gravité des blessures. Nos résultats appuient une partie des conclusions de l’étude de Campolieti et al. (2008), en plus de souligner la contribution nouvelle de la perception du risque, de la provenance de la demande d’intervention et du contexte d’intervention au phénomène de l’absentéisme. Ces résultats laissent entrevoir que certaines de ces relations pourraient être médiatisées par le stress généré par les événements de violence au travail. D’autres études sont nécessaires afin de consolider nos résultats.»--Page 2.