Résumé
Ce mémoire propose un cadre analytique permettant d'étudier le réseau social des gangs
montréalais. Ses objectifs sont de décrire la structure du réseau social en s'intéressant de
prime abord à la constitution et à l'organisation interne de ces gangs et par la suite aux
dynamiques qu'ils régissent une fois étant mis en interaction les uns avec les autres. La
présente recherche analyse les propos de vingt membres juvéniles de gangs étant
présentement pris en charge par le Centre jeunesse de Montréal-Institut universitaire, au
sein de leurs unités de réadaptation. Ces participants, appartenant à différents gangs
rivaux ou alliés, ont été rencontrés lors d'entrevues de groupes. Ensemble, ils ont
identifié au total 35 gangs occupant des territoires précis à Montréal. Une matrice a été
réalisée où chacun de ces gangs a été mis en relation pour connaître l'absence ou la
présence de connexion entre les différents pairages. Dans le dernier cas, il leur était
demandé de spécifier la nature des interactions. Certaines mesures du réseau social
établi ont été dérivées afin de décrire la structure du réseau en place.
Les regroupements montréalais affiliés aux Crips et aux Bloods partagent des
similitudes quant à leur composition et organisation interne. La description statique de
ces gangs nous informe que les forces en présence se valent largement, tant pour ce qui
est de la prévalence des gangs que de leur taille. Une fois ces entités mises en
interaction, des dynamiques relationnelles positives et négatives émergent de ce réseau.
Une même propension aux deux types d'interactions a été observée, avec des moyennes
de centralité de 2,2 pour les relations positives et 2,5 pour les relations négatives. Les
entrevues de groupe effectuées nous ont permis de déterminer que les dynamiques
conflictuelles peuvent être expliquées par des motifs liés à l'affiliation ou non à une
bannière, aux territoires, aux relations d'intermédiarité ou encore par des événements
précis. Pour ce qui est des types de dynamiques positives, nous retrouvons des relations
utilitaires, des relations sources d'approvisionnement ou encore des relations par
intermédiarité. Obtenir ce portrait portant sur des gangs actifs et la structure de leur
réseau donne la possibilité de transposer ces connaissances aux stratégies de répartition
des membres de différents gangs dans les milieux d'intervention, telles les unités de
réadaptation des centres jeunesse.