Summary
Contexte et objectifs. Bien qu’ils ne représentent que 11 % des détenteurs de permis de conduire, les jeunes (16-24 ans) comptent pour près de 20 % des conducteurs mortellement blessés sur les routes du Québec. En collaboration avec la Sûreté du Québec, ce projet de recherche vise à offrir une description détaillée du processus (script) menant à la collision mortelle impliquant un jeune conducteur dans le but de proposer des mesures de prévention. Méthodologie. Afin de détailler le processus menant à la collision mortelle, la perspective des scripts fut retenue. Celle-ci permet d’offrir une riche description pour chaque étape centrale au processus menant à la collision en considérant : 1) les acteurs en présence et les actions posées, 2) les contextes et 3) les environnements. Des données ont été colligées à partir de rapports d’enquête et de collision mortelle (n=179). Des analyses descriptives et comparatives ont par la suite été réalisées (khi-carré). Résultats. Les résultats montrent que le script de la collision mortelle impliquant un jeune (16-29 ans) diffère de celui impliquant des conducteurs d’autres groupes d’âges (30-59 ans et 60 ans et plus). Le script typique implique un jeune qui prend son véhicule pour participer à des activités de loisirs, ou festives, qui prennent souvent place dans une résidence privée, un bar ou un restaurant. Les jeunes conducteurs consomment fréquemment des psychotropes (21 à 63,5% selon la scène du script) et sont accompagnés de leurs amis (18,4 à 73,9 % selon la scène du script). Ces derniers adoptent régulièrement des rôles d’incitateurs, amenant bien souvent les conducteurs à consommer et à adopter des comportements téméraires (excès de vitesse et conduite avec les facultés affaiblies par l’alcool sont des causes de collision mortelle dans respectivement 29,9 et 28,6 % des cas). Conclusion et implications pour la prévention. Les résultats suggèrent que les collisions mortelles impliquant des jeunes pourraient être prévenues par des mesures de prévention permettant, entre autres, de : 1) dissocier la conduite et la consommation, 2) limiter l’accessibilité à l’alcool et les provocations/pressions (notamment celles des pairs), 3) responsabiliser les gardiens potentiels (amis qui peuvent inciter à la consommation, serveurs responsables dans les débits de boisson) et 4) augmenter le risque d’interception.